lundi 23 novembre 2015

Un regard sur le Syndrome d'Aliénation Parentale.

Le syndrome d’Aliénation Parentale (abrégé en SAP) est une notion introduite par Richard A. Gardner au début des années 1980, faisant référence à ce qu’il décrit comme un trouble dans lequel un enfant, de manière continue, rabaisse et insulte un parent sans justification. Selon Gardner, ce syndrome apparaîtrait en raison d’une combinaison de facteurs, comprenant l’endoctrinement par l’autre parent (presque exclusivement dans le cadre d’un conflit sur la garde de l’enfant) et les propres tentatives de l’enfant de dénigrer le parent ciblé. Gardner a introduit ce terme dans un article publié en 1985, décrivant un ensemble de symptômes qu’il avait observé au début des années 1980.
Dans son article il définit le SAP comme « un trouble qui naît principalement dans le contexte d’un conflit sur la garde de l’enfant. Sa principale manifestation est la démarche de dénigrement que l’enfant entreprend contre le parent, une démarche qui n’a pas de justification. Le trouble résulterait d’une combinaison d’endoctrinements par le parent aliénant et des propres contributions de l’enfant à la diffamation du parent aliéné» ce qui indiquerait également que l’endoctrinement peut être délibéré ou inconscient de la part du parent aliénant.

Jusqu’aujourd’hui aucune association professionnelle n’a reconnu le SAP comme un syndrome médical ou un trouble mental valable. Il n’est pas listé dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM) de la Société américaine de psychiatrie ni dans la Classification internationale des maladies de l'Organisation Mondiale de la Santé. Cependant, la cinquième édition du DSM a été mise à jour en mai 2013 et comprend une classification pour « abus psychologique à l'enfant » défini comme :
“Non-accidental verbal or symbolic acts by a child’s parent or caregiver that result, or have reasonable potential to result, in significant psychological harm to the child”
(Acte verbal ou symbolique non accidentel d'un parent ou d'un tuteur de l'enfant qui entraîne, ou peut potentiellement entraîner une séquelle psychologique significative à l'enfant)
Depuis plus de trente ans les spécialistes qui se sont penchés sur la question, ont élaboré davantage le concept et élargit le champ d’action du SAP.
En réalité, il se manifeste de manière très diversifiée.
Le dénigrement du parent victime peut avoir lieu également sans l’acte de rabaisser de manière ouverte. C’est souvent de l’ordre du non dit, les comportements sont à première vue anodins. C’est le mécanisme de l’emprise psychologique qui entraine par définition le difficulté à décrire les mécanismes relationnels de manière rationnelle.

Si la notion de ce syndrome n’est pas suffisamment prouvée scientifiquement dans le sens d’une définition précise des troubles reconnues chez l’enfant, « l’observation d’attitudes spécifiques qui démontrent une procédure de destruction de la part d’un parent aliénant est bel et bien réelle !! » (Isabelle Nazare-Aga, « Les parents manipulateurs »).
Les attitudes ou les comportements observables chez l’enfant selon Gardner sont :
-       Campagne de dénigrement et de haine contre le parent ciblé
-       Des rationalisations faibles, absurdes et frivoles de ce dénigrement et de cette haine
-       L’absence d’ambivalence habituelle pour le parent ciblé
-       L’affirmation que la décision de rejeter le parent leur appartient à eux seuls
-       Le soutien intentionnel au parent favori dans le conflit
-       L’absence de culpabilité vis-à-vis du traitement infligé au parent aliéné
-       L’usage de scénarios et de phrases empruntées au parent aliénant
-       Le dénigrement non seulement du parent ciblé, mais aussi de sa famille étendue et de ses amis
Selon le nombre d’attitudes l’aliénation parentale serait légère, modérée ou sévère.
En cas d’intensité faible :
Tous les symptômes ne sont pas forcément manifestes. Quand ils sont présents, leur degré est moindre et les relations parent-enfant sont encore fonctionnelles.

En cas d’intensité moyenne
Tous les symptômes sont retrouvés et il existe déjà des problèmes considérables pour rendre visite à « l’autre parent ». Toutefois, dès que l’enfant est chez celui-ci, il se calme bientôt et se réjouit du temps de visite qu’il passe avec lui.

En cas d’intensité sévère
Le parent manipulateur fait preuve d’une incompréhension totale (ceci concerne environ 5 à 10 % des cas) : la relation s’est définitivement et radicalement rompue ou elle risque de l’être.

Ce diagnostic est un rassurant point de départ, l’aliénation parentale n’est pas toujours un phénomène « statique » mais bien souvent dynamique. Les trois niveaux d’intensité peuvent être considérés comme trois stades d’un processus.
Si, de manière générale, le phénomène de l’aliénation parentale peut se manifester dans le cadre d’un conflit de divorce, en présence d’un manipulateur ou (encore plus fréquent !!) d’une manipulatrice l’aliénation parentale est systématique.
Je oserai même aller jusqu’à dire que l’aliénation parentale est présente uniquement lorsque un des parents est un pervers narcissique. Car il faut faire preuve de véritable mauvaise fois, volonté de destruction de l’image de l’autre, ne posséder une notion tordue de la règle en général ainsi que de la loi, vouloir exister au travers de la détresse générée autour de soi.
D’après mon expérience personnelle et professionnelle, je constate que le dénigrement systématique, subtil ou violent, est une nécessité propre aux personnalités perverses.
Tout cela est donc présent déjà en amont, bien avant le divorce. Si le syndrome d’alienation parental a été circonscrit aux cas de séparation, le mécanisme qui le caractérise est une constante dans la vie de l’enfant d’un manipulateur. Ce qui renforce davantage les effets de la campagne de destruction perpétrée après la séparation.
Une arme pour blesser et anéantir définitivement l’autre parent, proie qui a osé lui échapper. C’est un besoin compulsif chez les manipulateurs. Pour faire du mal il a besoin d’être en position de « faire payer quelque chose à quelqu’un ». Et il arrive à faire sentir la victime coupable.
Je constate également qu’il est beaucoup plus puissant et insidieux quand cela provient d’une femme.
Qui les connaît sait pertinemment qu’ils sont capables d’aller très loin dans leurs malveillance.
En cas de divorce, par exemple, si le manipulateur ou la manipulatrice échoue dans sa tentative d’endoctrinement, et que l’enfant refuse de lui-même d’être par exemple hébergé, ou s’oppose à la volonté du parent manipulateur, bref « ne se laisse pas faire », ce dernier utilise ce constat pour accuser le parent sécurisant de procéder à une aliénation parentale. Un élément comme un autre pour manœuvrer la justice et tenter de se faire passer pour la victime. Et trop souvent la justice tombe dans le piège. Résultat : double dose de culpabilité et double punition pour l’enfant.
Je veux comprendre mieux afin de mieux partager sur mon blog mes réflexions sur cet horrible et pervers mécanisme relationnel et je décide de faire une recherche sur l’origine des mots : aliénation, aliéner.
Des vagues souvenir de mes études de latin me disent que alias, être autre, transformer, perte d’identité ont quelque chose à faire là-dedans.
Je cherche dans le dictionnaire Larousse le mot aliénation et je trouve :
État de quelqu'un qui est aliéné, qui a perdu son libre arbitre.
Situation de quelqu'un qui est dépossédé de ce qui constitue son être essentiel, sa raison d'être, de vivre.
Je cherche aliéner et je trouve :
Abandonner, perdre un droit, une qualité essentielle
Soumettre quelqu'un à des contraintes, lui enlever son libre arbitre 
Détourner, éloigner quelque chose, quelqu'un de quelqu'un

Je n’étais pas loin.

Je fais davantage de recherches et je tombe sur un article du dr. Delfieu, psychiatre, qui écrit.
« De notre expérience, il apparaît que le parent manipulateur présente souvent une personnalité hystérique ou au moins des traits névrotiques, comme la suggestibilité, la dramatisation des affects (en romance le moindre détail), la théâtralisation (se met en exergue), des tendances mythomaniaques et des traits de manipulation perverse révélant une faille narcissique profonde. »

« Le parent manipulateur…. » je n’en reviens pas . Alors, ce n’est pas que moi qui pense que l’aliénation parentale est un mécanisme propre aux pervers !

Cet article du Dr. Delfieu, apparu en 2005 (Syndrome d’aliénation parentale. Diagnostic et prise en charge par J.-M. DELFIEU (EXPERTS, n° 67, 2005, juin – p. 24 à 30 – ST, J, 05, 02), est extraordinaire.
Il analyse point par point le syndrome d’aliénation parental et son évolution.

La question que l’on me pose souvent est : comment sortir d’une situation d’aliénation parentale ?

Je pense que l’escalade de ce processus destructeur est possible uniquement grâce à l’inertie du parent victime. Il y en a un qui dénigre, et l’autre qui ne se défend pas. Un qui attaque, et l’autre qui se justifie maladroitement.
Je sais que ce n’est pas facile à entendre mais je suis persuadée que dans toute situation d’emprise et de manipulation, toute tentative de sortie est vouée à l’échec s’il n’y a pas de « responsabilisation de la victime ».
C’est le but de tout processus d’accompagnement que je propose.
Si l’enfant devient le complice du parent manipulateur c’est parce que ‘il sait que l’amour du parent sain c’est un amour inconditionnel et que celui du parent manipulateur est un amour soumis à condition : « Je t’aime uniquement si tu es mon complice et si tu détestes ton père /ta mère ».
Par loyauté, il va se plier à ses conditions. Et l’on peut alors se retrouver dans des situations dramatiques, où l’enfant refuse de voir son autre parent, ne veut plus lui parler, et va jusqu’à le haïr. Ou sans en arriver là il devient la marionnette du parent manipulateur, il fait rapport de tout ce qui se passe chez l’autre parent (il ne faut pas oublier que les manipulateurs ont un besoin compulsif d’intrusion dans la vie de leurs victimes), il écoute en cachette, il ment, il vole, etc.
Il faut que le parent sain et sécurisant soit au clair par rapport à tout ça. Il faut qu’il sache que les limites peuvent être facilement franchies, ou bien qu’il n’y en a pas.
Il est donc impératif que le parent sain, avec ou sans aide, parvienne à sortir de l’emprise du parent manipulateur. Il faut qu’il réussisse à se centrer, à bien se positionner et à résister à la tentative d’aliénation de l’autre parent.

Concernant les cas d’aliénation parentale sévères, le professeur Gardner écrit que : « L’inactivité condamne les deux à l’aliénation mutuelle tout au long de la vie, celui du parent qui devient la victime tout aussi bien que l’enfant. Rien ne permet de croire que devenu adulte, ces enfants comprendront ce qui leur est arrivé et qu’ils se réconcilieront avec le parent aliéné. » Il conclut son étude : « Il semble apparemment plus douloureux et psychologiquement plus annihilant de perdre un enfant par le PAS (Parental Alienation Syndrom) que par la mort. La mort est définitive et aucun espoir de réconciliation ne subsiste… L’enfant atteint du syndrome d’aliénation parentale toutefois vit encore et peut même habiter quelque part dans les environs immédiats… Pour certains parents aliénés, cette douleur continue se transforme en une sorte de « mort vivante du cœur». »

La réaction du parent, qui souvent hésite par peur des conséquences sur sa progéniture, c’est la preuve que une vie existe au-delà de la réalité proposée par le pervers.
Le message est : un autre mode de fonctionnement est possible.
Tant que le parent sain cautionne les déviances du parent malsain, tant qu’il montre que l’on peut s’essuyer sur lui comme sur un paillasson, l’enfant ne peut pas se positionner. S’il a comme modèles un parent méchant mais qui lui semble plus fort, et un gentil plus faible, il va choisir le plus fort, même si c’est le méchant. Il faut lui montrer que l’on peut être gentil ET fort. Malheureusement la justice est souvent complice involontaire de ce « parent fort ».

Le parent victime doit impérativement reprendre le dessus avant que le lien entre l’enfant et lui ne soit complètement coupé. Après, il devient très difficile de revenir sur ce qui a été cassé. 

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