Le syndrome
d’Aliénation Parentale (abrégé en SAP) est une notion introduite par Richard A. Gardner
au début des années 1980, faisant référence à ce qu’il décrit comme un trouble
dans lequel un enfant, de manière continue, rabaisse et insulte un parent sans
justification. Selon Gardner, ce syndrome apparaîtrait en raison d’une
combinaison de facteurs, comprenant l’endoctrinement par l’autre parent
(presque exclusivement dans le cadre d’un conflit sur la garde de l’enfant) et
les propres tentatives de l’enfant de dénigrer le parent ciblé. Gardner a
introduit ce terme dans un article publié en 1985, décrivant un ensemble de
symptômes qu’il avait observé au début des années 1980.
Dans son article il
définit le SAP comme « un trouble qui naît principalement dans le contexte
d’un conflit sur la garde de l’enfant. Sa principale manifestation est la
démarche de dénigrement que l’enfant entreprend contre le parent, une démarche
qui n’a pas de justification. Le trouble résulterait d’une combinaison
d’endoctrinements par le parent aliénant et des propres contributions de
l’enfant à la diffamation du parent aliéné» ce qui indiquerait également que
l’endoctrinement peut être délibéré ou inconscient de la part du parent
aliénant.
Jusqu’aujourd’hui
aucune association professionnelle n’a reconnu le SAP comme un syndrome médical
ou un trouble mental valable. Il n’est pas listé dans le Manuel
diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM) de la Société
américaine de psychiatrie ni dans la Classification
internationale des maladies de l'Organisation
Mondiale de la Santé. Cependant, la cinquième édition du DSM a été
mise à jour en mai 2013 et comprend une classification pour « abus
psychologique à l'enfant » défini comme :
“Non-accidental verbal
or symbolic acts by a child’s parent or caregiver that result, or have
reasonable potential to result, in significant psychological harm to the child”
(Acte
verbal ou symbolique non accidentel d'un parent ou d'un tuteur de l'enfant qui
entraîne, ou peut potentiellement entraîner une séquelle psychologique
significative à l'enfant)
Depuis plus de trente ans les spécialistes qui se sont
penchés sur la question, ont élaboré davantage le concept et élargit le champ
d’action du SAP.
En réalité, il se manifeste de manière très diversifiée.
Le dénigrement du parent victime peut avoir lieu
également sans l’acte de rabaisser de manière ouverte. C’est souvent de l’ordre
du non dit, les comportements sont à première vue anodins. C’est le mécanisme
de l’emprise psychologique qui entraine par définition le difficulté à décrire
les mécanismes relationnels de manière rationnelle.
Si
la notion de ce syndrome n’est pas suffisamment prouvée scientifiquement dans
le sens d’une définition précise des troubles reconnues chez l’enfant,
« l’observation d’attitudes spécifiques qui démontrent une procédure de
destruction de la part d’un parent aliénant est bel et bien
réelle !! » (Isabelle Nazare-Aga, « Les parents
manipulateurs »).
Les
attitudes ou les comportements observables chez l’enfant selon Gardner
sont :
- Campagne de dénigrement et de haine contre le parent
ciblé
- Des rationalisations faibles, absurdes et frivoles de ce
dénigrement et de cette haine
- L’absence d’ambivalence habituelle pour le parent ciblé
- L’affirmation que la décision de rejeter le parent leur
appartient à eux seuls
- Le soutien intentionnel au parent favori dans le conflit
- L’absence de culpabilité vis-à-vis du traitement infligé
au parent aliéné
- L’usage de scénarios et de phrases empruntées au parent
aliénant
- Le dénigrement non seulement du parent ciblé, mais aussi
de sa famille étendue et de ses amis
Selon
le nombre d’attitudes l’aliénation parentale serait légère, modérée ou sévère.
En cas d’intensité faible :
Tous les symptômes ne sont pas forcément manifestes.
Quand ils sont présents, leur degré est moindre et les relations parent-enfant
sont encore fonctionnelles.
En cas d’intensité moyenne
Tous les symptômes sont retrouvés et il existe déjà des
problèmes considérables pour rendre visite à « l’autre parent ». Toutefois, dès
que l’enfant est chez celui-ci, il se calme bientôt et se réjouit du temps de
visite qu’il passe avec lui.
En cas d’intensité sévère
Le parent manipulateur fait preuve d’une incompréhension
totale (ceci concerne environ 5 à 10 % des cas) : la relation s’est
définitivement et radicalement rompue ou elle risque de l’être.
Ce
diagnostic est un rassurant point de départ, l’aliénation parentale n’est pas
toujours un phénomène « statique » mais bien souvent dynamique. Les
trois niveaux d’intensité peuvent être considérés comme trois stades d’un
processus.
Si,
de manière générale, le phénomène de l’aliénation parentale peut se manifester
dans le cadre d’un conflit de divorce, en présence d’un manipulateur ou (encore
plus fréquent !!) d’une manipulatrice l’aliénation parentale est systématique.
Je
oserai même aller jusqu’à dire que l’aliénation parentale est présente
uniquement lorsque un des parents est un pervers narcissique. Car il faut faire
preuve de véritable mauvaise fois, volonté de destruction de l’image de
l’autre, ne posséder une notion tordue de la règle en général ainsi que de la
loi, vouloir exister au travers de la détresse générée autour de soi.
D’après
mon expérience personnelle et professionnelle, je constate que le dénigrement
systématique, subtil ou violent, est une nécessité propre aux personnalités
perverses.
Tout
cela est donc présent déjà en amont, bien avant le divorce. Si le syndrome
d’alienation parental a été circonscrit aux cas de séparation, le mécanisme qui
le caractérise est une constante dans la vie de l’enfant d’un manipulateur. Ce
qui renforce davantage les effets de la campagne de destruction perpétrée après
la séparation.
Une
arme pour blesser et anéantir définitivement l’autre parent, proie qui a osé
lui échapper. C’est un besoin compulsif chez les manipulateurs. Pour faire du
mal il a besoin d’être en position de « faire payer quelque chose à
quelqu’un ». Et il arrive à faire sentir la victime coupable.
Je
constate également qu’il est beaucoup plus puissant et insidieux quand cela
provient d’une femme.
Qui
les connaît sait pertinemment qu’ils sont capables d’aller très loin dans leurs
malveillance.
En
cas de divorce, par exemple, si le manipulateur ou la manipulatrice échoue dans
sa tentative d’endoctrinement, et que l’enfant refuse de lui-même d’être par
exemple hébergé, ou s’oppose à la volonté du parent manipulateur, bref « ne se laisse pas faire », ce
dernier utilise ce constat pour accuser le parent sécurisant de procéder à une
aliénation parentale. Un élément comme un autre pour manœuvrer la justice et
tenter de se faire passer pour la victime. Et trop souvent la justice tombe
dans le piège. Résultat : double dose de culpabilité et double punition
pour l’enfant.
Je
veux comprendre mieux afin de mieux partager sur mon blog mes réflexions sur
cet horrible et pervers mécanisme relationnel et je décide de faire une
recherche sur l’origine des mots : aliénation, aliéner.
Des
vagues souvenir de mes études de latin me disent que alias, être autre, transformer, perte d’identité ont quelque chose
à faire là-dedans.
Je
cherche dans le dictionnaire Larousse le mot aliénation et je trouve :
État de quelqu'un qui est
aliéné, qui a perdu son libre arbitre.
Situation
de quelqu'un qui est dépossédé de ce qui constitue son être essentiel, sa
raison d'être, de vivre.
Je
cherche aliéner et je trouve :
Abandonner, perdre un
droit, une qualité essentielle
Soumettre quelqu'un à des
contraintes, lui enlever son libre arbitre
Détourner, éloigner
quelque chose, quelqu'un de quelqu'un
Je n’étais pas loin.
Je fais davantage de
recherches et je tombe sur un article du dr. Delfieu, psychiatre, qui écrit.
« De notre expérience, il apparaît que le parent
manipulateur présente souvent une personnalité hystérique ou au moins des
traits névrotiques, comme la suggestibilité, la dramatisation des affects (en
romance le moindre détail), la théâtralisation (se met en exergue), des
tendances mythomaniaques et des traits de manipulation perverse révélant une
faille narcissique profonde. »
« Le parent
manipulateur…. » je n’en reviens pas . Alors, ce n’est pas que moi qui
pense que l’aliénation parentale est un mécanisme propre aux pervers !
Cet article du Dr. Delfieu, apparu en 2005 (Syndrome
d’aliénation parentale. Diagnostic et prise en charge par J.-M. DELFIEU
(EXPERTS, n° 67, 2005, juin – p. 24 à 30 – ST, J, 05, 02), est extraordinaire.
Il analyse point par point le syndrome d’aliénation
parental et son évolution.
La question que l’on me pose souvent est : comment
sortir d’une situation d’aliénation parentale ?
Je pense que l’escalade de
ce processus destructeur est possible uniquement grâce à l’inertie du parent
victime. Il y en a un qui dénigre, et l’autre qui ne se défend pas. Un qui
attaque, et l’autre qui se justifie maladroitement.
Je sais que ce n’est pas facile à entendre mais je suis
persuadée que dans toute situation d’emprise et de manipulation, toute
tentative de sortie est vouée à l’échec s’il n’y a pas de
« responsabilisation de la victime ».
C’est le but de tout processus d’accompagnement que je
propose.
Si l’enfant devient le complice du parent manipulateur
c’est parce que ‘il sait que l’amour du parent sain c’est un amour inconditionnel
et que celui du parent manipulateur est un amour soumis à condition :
« Je t’aime uniquement si tu es mon complice et si tu détestes ton
père /ta mère ».
Par loyauté, il va se plier à ses conditions. Et l’on
peut alors se retrouver dans des situations dramatiques, où l’enfant refuse de
voir son autre parent, ne veut plus lui parler, et va jusqu’à le haïr. Ou sans
en arriver là il devient la marionnette du parent manipulateur, il fait rapport
de tout ce qui se passe chez l’autre parent (il ne faut pas oublier que les
manipulateurs ont un besoin compulsif d’intrusion dans la vie de leurs
victimes), il écoute en cachette, il ment, il vole, etc.
Il faut que le parent sain
et sécurisant soit au clair par rapport à tout ça. Il faut qu’il sache que les
limites peuvent être facilement franchies, ou bien qu’il n’y en a pas.
Il est donc impératif que
le parent sain, avec ou sans aide, parvienne à sortir de l’emprise du parent
manipulateur. Il faut qu’il réussisse à se centrer, à bien se positionner et à
résister à la tentative d’aliénation de l’autre parent.
Concernant les cas d’aliénation parentale sévères, le
professeur Gardner écrit que : « L’inactivité condamne les deux à l’aliénation
mutuelle tout au long de la vie, celui du parent qui devient la victime tout
aussi bien que l’enfant. Rien ne permet de croire que devenu adulte, ces
enfants comprendront ce qui leur est arrivé et qu’ils se réconcilieront avec le
parent aliéné. » Il conclut son étude : « Il semble apparemment plus douloureux
et psychologiquement plus annihilant de perdre un enfant par le PAS (Parental
Alienation Syndrom) que par la mort. La mort est définitive et aucun espoir de réconciliation
ne subsiste… L’enfant atteint du syndrome d’aliénation parentale toutefois vit
encore et peut même habiter quelque part dans les environs immédiats… Pour
certains parents aliénés, cette douleur continue se transforme en une sorte de « mort
vivante du cœur». »
La réaction du parent, qui souvent hésite par peur des
conséquences sur sa progéniture, c’est la preuve que une vie existe au-delà de
la réalité proposée par le pervers.
Le message est : un autre mode de fonctionnement est
possible.
Tant que le parent sain cautionne les déviances du parent
malsain, tant qu’il montre que l’on peut s’essuyer sur lui comme sur un
paillasson, l’enfant ne peut pas se positionner. S’il a comme modèles un parent
méchant mais qui lui semble plus fort, et un gentil plus faible, il va choisir
le plus fort, même si c’est le méchant. Il faut lui montrer que l’on peut être
gentil ET fort. Malheureusement la justice est souvent complice involontaire de
ce « parent fort ».
Le parent victime doit impérativement reprendre le dessus
avant que le lien entre l’enfant et lui ne soit complètement coupé. Après, il
devient très difficile de revenir sur ce qui a été cassé.