mardi 11 septembre 2012

Géné(analogies)


Ça n’est pas pour rien que mon grand-père paternel portait le nom d’un empereur (César) et que mon père porte celui d’un roi (Henri). Mon frère  (David) aussi d’ailleurs. Une lignée de pervers-narcissiques.  Evidemment enfant je ne connaissais pas ce mot, mais très tôt je me suis dit qu’il y avait un truc qui ne tournait pas rond. Au départ, forcément, je pensais que ça venait de moi.Je ne me pouvais en parler avec personne, tant mon père à l’extérieur semblait « charmant ». Je me souviens de mes copines qui me disaient : « t’as de la chance ton père est si jeune, il est si beau, il a l’air cool ».  Si seulement elles savaient, elles ne m’auraient pas cru. J’enviais leurs pères plus vieux, qui me semblaient rassurants.A la maison c’était tout sauf rassurant. On vivait dans la peur, toujours en retrait, à se contrôler, à se demander quel faux-pas on allait commettre qui allait déclencher sa fureur, quelle circonstance extérieure allait l’énerver : des patates trop cuites ou pas assez, l’Italie qui perd au foot… En fait, c’était imprévisible. Et là les reproches, les insultes pleuvaient, sur moi, sur ma mère, sur mon frère. Une seule chose me sauvait, comme il disait, c’est que je travaillais bien à l’école. Ça il ne manquait pas de s’en vanter à l’extérieur.Ensuite il voulait qu’on oublie, il disait qu’il n’avait rien fait, certes, mais dit oui. Il se faisait passer pour une victime qui dans sa maison n’avait rien le droit de dire. Il ne comprenait pas qu’on « fasse la gueule ». Quand il voyait qu’il était allé trop loin (et ce trop loin était toujours repoussé), il faisait en sorte de se rattraper avec des cadeaux en tous genres.Parfois, il n’arrivait pas à se contrôler ou il se laissait aller, ça arrivait avec des personnes qui devenaient assez proches. Il se relâchait et pouvait parfois exploser en leur présence.  Je me souviens bien de l’incompréhension dans leurs regards, la première fois que ça arrivait, comme s’il découvrait une autre personne. Et là un mélange de honte, de haine et de culpabilité m’engouffrait. Même eux je les détestais d’avoir été là pendant une séance  de plus d’humiliation.Aujourd’hui l’histoire continue avec ma jeune sœur. Rien ne peut le faire changer. Le seul conseil que je puisse lui donner c’est de bien travailler à l’école pour pouvoir « fuir » de la maison le plus tôt possible, limiter les contacts (je passais mon temps dans ma chambre ou ailleurs) et mentir pour mener une vie « normale ». Notre vérité lui étant insupportable.Autour de moi, je connais beaucoup d’amies qui ont été en couple avec un pervers-narcissique. Je me dis d’un côté c’est culpabilisant car elles ont en quelque sorte choisi ce compagnon et elles ont d’ailleurs  pu le quitter. Avec mon père, je n’ai rien choisi et je trouve ça profondément injuste.Cela m’a appris à être très tôt indépendante, à les repérer, à me jurer que jamais dans ma vie sentimentale je ne subirais ce genre d’individu.Pendant 12 ans, j’ai décidé de ne plus le voir. Lui de son côté, n’a fait non plus aucun geste en ce sens. C’est à « l’occasion » du décès de son père que nous avons été en quelque sorte obligés de nous « reparler ». Depuis je maintiens des rapports éloignés avec lui, un coup de fil une fois par mois environ et je vais le voir, surtout pour ma sœur, peut-être deux jours par an.  Je ne parle toujours de rien de personnel avec lui, il essaie de se contenir, mais je vois bien qu’il est à chaque fois à la limite de craquer. Mais il sait, que c’est sans aucun scrupule que je mettrais fin à notre « relation ». Il continue à me faire miroiter (et à sa nouvelle famille aussi) comme durant mon enfance, des promesses, et on fera ça, et je vous emmènerai là. La meilleure étant « quand je gagnerai au loto je te donnerai… ». Sauf que papa (mot que je ne peux plus prononcer), tu ne joues pas au loto !


Elda