mercredi 30 décembre 2015

Gâcher les fêtes: un besoin compulsif des manipulateurs.

Posez une question clé à quelqu'un qui a ou a eu à faire à un manipulateur ou une manipulatrice.
Comment ça se passe les anniversaires, les moments de fête, Noël, les réunions de famille, etc. Ils sont toujours des occasions fertiles pour ces génies et "rabat joies" de satisfaire leur besoin compulsif de les gâcher.

Je commencerais donc par les fêtes de Noël. Quelle panoplie d'exemples extraordinaires l'on peut y retrouver!
Ceux qui ont à faire à un ex ou une ex avec enfants, ont certainement eu droit à quelque plainte ou obstacle au bon déroulement des jours de garde pendant les fêtes, "tu les perturbes à cause de tes erreurs", "ils ne voulaient pas venir...", des cadeaux promis par l'un des parents et offerts par l'autre, les enfants tristes pour des raisons difficiles à comprendre car manipulés et victimes de chantage, tristes en se sentant coupables, etc. etc.

Qui est en couple, en famille, de manière générale en contact ou encore en lien, a eu le plaisir de vivre une scène de colère ou une dispute en famille, un départ à l'improviste, un malheur , une victimisation quelconque.
Bref, tout est bon pour être les protagonistes de la fête, bien évidemment à leur façon.

Personnellement, j'ai eu droit à pas mal d'agissements lesquels, vus sous l'angle du "je sais qui tu es masi tu ne sais pas que je le sais" donnent des résultats intéressants.

L'élément dominant est depuis quelque temps l'âge avancé et la maladie (en partie réelle et en partie jouée). Type de manipulateur: manipulatrice généreuse. Ma mère. Element dominant: la plainte et la victimisation. Insupportable. J'arrive avec mon conjoint et mon fils à l'aéroport de Naples. Deux cent kilomètres environs pour rejoindre la maison.  J'épargne les détails des dizaines de coups de téléphone reçu pendant le trajet de l'aéroport à la maison. Tous bien évidemment anxiogènes.
Mon père était venu nous chercher et donc? Jalousie extrême de la part de ma mère car il profitait de son petit fils tout seul.
On arrive à la maison, le premier jour tout va bien (apparement) . On pose les bases. Je repère déjà quel sera la musique dominante. La maladie, la souffrance physique. Grâce à ça elle pourra faire sentir coupable tout le monde car elle est dans le sacrifice. Elle pourra comme ça nous servir des repas en nous faisant ressentir que ça lui a couté beaucoup d'effort mais... c'est bon, "on se sacrifie pour ses enfants".
La veille de Noël, mon frère débarque à la maison avec sa fille, sa nouvelle compagne et....ses quatre enfants. Les enfants sont la joie! C'est ce qu'elle dit d'entrée. Mais elle se donne aussi le droit de se plaindre de leur bruit, de regretter de les avoir acceptés, de ne pas les supporter. Bien évidemment elle choisit l'interlocuteur (moi par exemple qui ne donnais aucune importance à ses paroles). Parfois, comme par hasard, elle parle sans faire attention au monde qu'il y avait autour et qui pouvait entendre et hop! de suite sourire et faire les éloges de la beauté de l'enfance et de cette musique celeste qui sort de leur voix aiguës!!
Les quelques jours de leur permanence a été celle là la musique dominante. Je critique, je montre sans retenue que je ne supporte pas et en suite je me garde bien de laisser trace de ces paroles, je vais sur la ligne opposée pour effacer toute empreintes de mon passage. Et ça marche!! L'ambiance était lourde et tout le monde a subi le fonctionnement cyclique de la manipulatrice.

Quant à la maladie et aux tentatives de monopoliser mon attention, je me limite à en lister quelques unes.
J'ai eu droit à la lecture du certificat du médecin suite à la dernière radio (tu as la preuve de ma maladie et j'ai donc droit en milieu d'une conversation d'hurler de douleur d'un coup et de faire de grimaces tout le temps), j'ai eu droit à toutes les subtiles critiques possibles sur mon rôle de mère, j'ai eu droit à des réflexions de toute sorte. j'ai fait l'erreur, étant en vacance, de ne pas noter certains détails très intéressants. Mais ils vont ressortir et je compte les partager. Un épisode est très sympa. Le petit de quatre ans, je ne sais pas à quel moment est pourquoi, lui a dit qu'elle "est méchante". La réaction: "je ne comprends vraiment pas pourquoi il m'a dit que je suis méchante". Et la tête sombre, elle a passé quelques minutes à trouver comment s'en sortir. Mais que est ce que je dis quelques minutes, quelques secondes! et voilà qu'elle a sorti : "moi je suis obligée de faire ce que tes parents me disent de faire!" Génial. Ah j'ai oublié, la projection: une constante.
Au plaisir de partager davantage et bonne fin d'année à tous. Courage, la Saint Sylvestre peut se révéler un moment extraordinaire. Notez tout et partagez sur ce blog. A bientôt

mercredi 16 décembre 2015

A propos des mères toxiques. Le témoignage d'une femme sortie de l'emprise.

Il y a quelque jour, j'ai reçu un email. Un témoignage très touchant d'une "gagnante" que je vous invite à lire avec beaucoup d'attention. Vous qui vivez le poids de l'emprise, buvez les mots de cette femme et ressourcez-vous.
J'ai eu le plaisir de discuter au téléphone avec elle. J'ai eu son accord pour la publication du texte. 
Merci F.

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Bonjour Maria Gabriella,

Je tenais tout d'abord à vous remercier pour ce blog extrêmement bien fait, et pour toutes ces pistes d'approche très intéressantes sur les personnes toxiques.

Si vous le permettez, et si c'est possible, je souhaiterais, grâce à mon témoignage, apporter mon aide à toutes les victimes de manipulateurs, et surtout aux victimes des mères toxiques qui font des ravages dans le psychisme de leur enfant (en particulier, comme vous le soulignez dans l'un de vos articles, des filles.)

Voici mon histoire, en quelques mots :

Je suis tombée, il y a quelques années, sous la coupe d'une manipulatrice. Une femme, dont je suis tombée amoureuse, et qui, de surcroît, m'a fait découvrir mon homosexualité, alors que j'étais mariée, que j'avais deux enfants, et que je me croyais hétérosexuelle. J'avais à l'époque 35 ans.
La découverte de mon homosexualité a été un véritable ouragan intérieur, mais ne m'a pas posé de problème. C'est la vampirisation affective et psychologique à laquelle cette femme s'est adonnée qui m'a laissée exsangue sur le bord de la route. Elle se positionnait en victime, alternait plaintes et séduction, et je suis tombée dans le piège. J'ai d'abord été encensée, avant d'être spoliée, subtilement dénigrée, insidieusement méprisée, puis jetée. Mais je me suis relevée.

Ayant été "formatée" par une mère manipulatrice (je me retrouve complètement dans le portrait que vous dressez de ces mères faussement malades qui se servent de leur prétendue faiblesse pour "asservir" leur enfant), j'ai tout naturellement développé une propension à tenter de "sauver" et "guérir" l'autre. Par tous les moyens. Je travaille encore aujourd'hui là-dessus, car c'est ce trait de caractère qui m'a précipitée dans la gueule de la louve...

J'ai l'impression, en lisant la description que vous faites de la mère toxique, de lire le portrait de ma propre mère. Une femme jamais satisfaite de rien, toujours dans la plainte, charmante en société (les autres recevaient mille cadeaux somptueux, mais ses propres filles, des babioles gagnées aux 3 Suisses, y compris à Noël !), s'inventant des maladies plus fausses et exagérées les unes que les autres (à l'entendre, elle a eu quinze cancers. En réalité : quelques polypes, des laryngites à répétition, des migraines), assénant à ses deux filles (ma sœur et moi, alors âgées de 8 et 10 ans) des propos du genre : "si vous n'êtes pas sages, je vais me retrouver à l'hôpital", ou "arrêtez de vous disputer, sinon vous allez finir par me rendre malade et je mourrai à cause de vous" ou encore, plus tard, "si tu t'en vas de la maison, il ne me reste plus qu'à me suicider." Chose que, bien sûr, elle n'a jamais faite. Pourtant, ma sœur et moi sommes parties de la maison il y a plus de 20 ans... après avoir tremblé pendant des années, dans la peur que notre mère mette sa menace à exécution.

J'ai dû faire un énorme travail sur moi-même, d'abord accepter d'avoir eu ce genre de mère, qui ne cessait de me répéter qu'elle m'aimait, qu'elle faisait tout pour moi, qu'elle avait tout sacrifié pour moi (la preuve (selon ses dires) : elle délaissait mon père pour venir garder mes enfants ! Mais en réalité, ça l'arrangeait bien...). Ensuite, il a fallu que j'apprenne à dire "non", à dire "stop", à poser mes limites, surtout avec cette mère envahissante qui trouvait n'importe quel prétexte pour gouverner ou régenter ma vie. Mon fils à garder parce que "j'avais l'air fatiguée" (sans me demander mon avis), un cadre acheté (sans me demander mon avis) pour améliorer la déco de mon intérieur (qu'elle trouvait moche et pourrie, bien sûr), de l'argent "donné" sans que je le réclame (ni me demander mon avis), pour mieux pouvoir me reprocher des années après ce "don" qui était, entre temps et comme par enchantement, devenu un "prêt"... 

J'ai essayé de poser mes limites. De lui demander d'arrêter de m'appeler 10 fois par jour pendant mes heures de travail, de toujours vouloir savoir où je partais en vacances, combien de temps, avec qui, ce que j'allais manger, ce que j'avais mangé, à quelle heure je m'étais couchée. De lui dire de cesser de vouloir être invitée avec mes amis, qu'elle ne pouvait s'empêcher de critiquer ensuite. De lui dire que ce n'était pas très normal que sa fille divorcée et sans un sou (alors que ma mère a vraiment beaucoup d'argent) l'invite sans arrêt à manger alors que l'inverse ne se produisait jamais. D'arrêter de m'offrir des cadres dont je n'avais ni l'envie, ni l'utilité. Tout ceci, bien sûr, avec un maximum de tact et de pincettes enveloppées dans de la ouate épaisseur XXL. Pour ne pas la blesser, comme toujours.

Résultat : aujourd'hui, ma mère ne m'invite plus. Ne m'appelle plus au téléphone. Ne me demande plus rien (même pas des nouvelles de ses propres petits-enfants, y compris quand elle a su que l'un d'eux s'était fait opérer). Ne m'offre plus rien (ni à mes enfants, rendus coupables à ses yeux de haute trahison car ils soutiennent leur mère). Répond avec une froideur extrême quand j'ose lui souhaiter une bonne année ou un bon anniversaire, en me crachant à la figure qu'il est inutile de téléphoner quand "l'année est aussi merdique" (pardon pour le terme vulgaire). Croyant me faire payer, sans doute, l'audace que moi, le "sac d'os", la "petite garce", comme elle m'appelait souvent (entre deux "ma chérie", histoire de brouiller les pistes), j'ai eue de lui résister, d'exister, de vouloir vivre ma vie. Elle a pris mes demandes au pied de la lettre. Avec les pervers, je m'en suis aperçue, pas de demi-mesure.
Bien évidemment, elle a essayé de monter mon père contre ma sœur et moi, en tentant de le faire passer pour un tyran violent, infidèle, menteur et paresseux (tout ce qu'elle est elle, en réalité). Elle n'a pas réussi avec moi.
Elle a tenté de me briser. Je dis bien "tenté".
Je me souviens, quand j'étais enfant, qu'elle me lançait sur un air à la fois mélancolique et malheureux : "Tu souris tout le temps... Tu chantes tout le temps... Comment fais-tu pour être aussi heureuse ?" A l'époque, j'ignorais qu'elle ne le supportait pas. Tout simplement. Parce qu'un enfant ne peut pas concevoir qu'une mère ne veuille pas son bonheur.

Aujourd'hui, après une thérapie de près de trois ans et après avoir lu tous les ouvrages référencés sur le sujet (Nazare-Aga, Hirigoyen, Peticollin, Bouchoux, Eiguer, Barbier...) je pense être armée face à ce type de personnes, qui n'hésitent pas à détruire le bonheur qu'elles voient passer près d'elles. 
J'ai assumé mon homosexualité, j'essaye de refaire ma vie (je suis tombée sur deux autres femmes avec ce type de profil, mais maintenant, je parviens à les détecter rapidement), et je n'ai quasiment plus de contact avec ma mère. Il va sans dire qu'elle n'est pas au courant de mon orientation sexuelle. Elle s'en servirait pour essayer de m'enfoncer.
Très triste, mais au moins, je suis libérée de son emprise, et surtout, de cette culpabilité latente qui me tenaillait nuit et jour sans que je puisse y mettre du sens. 
Néanmoins, je crois que je n'arriverai jamais à lui pardonner. Je voudrais bien, pourtant.
Je n'éprouve pas de haine à son encontre ; je vois plutôt son comportement comme une pathologie, et même, je me dis que c'est grâce à elle si j'ai pu gagner toute cette force, que je vais pouvoir transmettre à mon tour à mes enfants.

Si vous souhaitez publier ce témoignage, n'hésitez pas à me le faire savoir. Je serai heureuse d'apporter ma pierre à l'édifice de la compréhension de ces mères toxiques. Beaucoup de blogs sur les pervers narcissiques parlent de lutte ; je préfère parler de compréhension. Parce que, c'est, je pense, parce qu'on ne les comprend pas et qu'on ignore leur existence que ces personnes font autant de mal. Et je trouve que votre blog est orienté dans ce sens, alors merci à vous.