mardi 24 mars 2015

Les Mères Toxique_ Conférence du 21 mars 2014_ Salon "Autour du Féminin"


En ce premier jour de printemps, j'ai eu la plaisir d'animer une conférence dans le cadre du salon
"Autour du Féminin" qui a eu lieu à Nîmes le 21 et 22 mars 2015.

Pour cette conférence je me suis inspirée du livre de Terri Apter, "Les mères Toxiques, les comprendre pour se libérer de leur emprise", (Ixelles éditions, 2013).
Concept très à la mode apparemment, la notion de pervers narcissique (ou manipulateur) reste encore méconnue en réalité. Dans les magazines les articles sur les pervers narcissiques ne se comptent plus. 
Mais le sujet principal de tous ces écrits est et reste la relation de couple, les violences conjugales, les violences à l'égard des femmes.
Dans nos sociétés on commence à peine à intégrer l'idée que la perversité narcissique est un trouble de la personnalité (décrite dans le DSM-5, Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, publié par la Société Américaine de Psychiatrie, version 2013) qui appartient aux hommes comme aux femmes.
Les femmes sont des mères.
Armées grâce aux idées reçues comme quoi une mère ne peut que aimer ses enfants, elles peuvent agir en toute impunité.
Tout parent a recours à des stratégies un peu manipulatrices pour obtenir des comportements souhaités de la part de ses enfants. Mais que est-ce qui se passe dans le cas où un parent est un manipulateur et notamment la mère ?

Les 5 schémas de base de la toxicité

La colère : prends garde à ma colère! La colère fait partie de toute vie de famille ordinaire. L’enfant trouve la colère « désagréable » et essaie de savoir ce qui la déclenche. Il apprend à la gérer en montrant qu’il est triste ou il use de son charme pour la faire disparaître.
Mais quand la colère est violente et imprévisible, l’enfant ne peut pas appréhender de règles pour l’éviter. Le stress prolongé provoqué par la colère imprévisible d’un parent (celle d’une mère est encore plus puissante) provoque un impact physiologique sur l’enfant qui abaisse à son tour la tolérance au stress. Constamment submergé par l’anxiété, le jeune cerveau forme moins de circuits mentaux nécessaires à la régulation des états émotionnels.
Certains enfants deviennent à leur tour des manipulateurs car leur cerveau trouve ainsi une échappatoire. Il se dit « c ‘est plus facile »....
D’autre érigent un « mur de protection » pour ne pas ressentir le stress mais au même temps ferment les portes de la compréhension et de l’apprentissage.
D’autres encore subissent la colère et, étant constamment dans un état de stress et de tension, ressentent un sentiment écrasant de honte né de la croyance que cette souffrance est méritée.

Le contrôle : élever un enfant signifie éduquer et influencer son comportement. L’enfant a besoin que ses parents lui disent ce qui est bien et ce qui est mal, ce qui est tolérable et ce qui est répréhensible. Il a besoin que les parents l’accompagnent au cours de son apprentissage de la frustration et de la déception. Elever un enfant implique beaucoup de contrôle et de persuasion, mais il y a une grande différence entre le contrôle exercé sous la forme d’une discipline et d’une socialisation nécessaire et celui qui ronge l’individualité de l’enfant.
La mère toute puissante a des attentes extrêmement précise sur qui l’enfant doit être et ce qu’il doit (ou ne doit pas) faire, penser, ressentir.
Inflexibilité justifiée par les certitudes de la mère. Destructrice car la mère détient la seule autorité sur la légitimité des expériences personnelles de l’enfant.
Elle se réfère à des grands principes et elle refuse d’écouter, elle réfute ainsi les expériences et les connaissances de l’enfant.
Pour satisfaire au contrôle exercé par sa mère, l’enfant peut réprimer ses propres pensées et émotions, et même son propre sentiment d’être une personne éprouvant des désirs et des besoins personnels. Si l’enfant agit en fonction de ses propres sentiments, il menace la relation avec sa mère. Il ne voit pas l’intérêt à identifier ses propres désirs parce qu’ils n’ont aucune importance pour la personne qui en a le plus au monde pour lui.
L’inflexibilité rend toute communication impossible. Si l’enfant trouve une oreille attentive ailleurs (père, sœur, frère, enseignants…), se génère en lui un terrible sentiment de trahison : « pourquoi ma mère, dont les réactions signifient tant pour moi, refuse-t-elle de m’écouter ? ». « Pourquoi ma mère, qui affirme pourtant m’aimer, essaye-t-elle de faire de moi quelqu’un que je ne suis pas ? ». Questions qui resterons sans réponse pendant très longtemps. Et les réponses arriveront uniquement si la personne à l’âge adulte connaitra la notion de « pervers narcissique » et acceptera de l’associer à sa mère. 

Négligence: un vaste éventail de comportements. Nous y retrouvons la négligence par omission, par laquelle le parent manque d’intérêt envers l’enfant, jusqu'au cas extrêmes de négligence aux soins et qui impliquent la privation de nourriture, de liberté de mouvement, le manque d’éducation et de soins médicaux. Même dans les cas extrêmes les mères manipulatrices apparaissent à l’extérieur comme des mères parfaites. D’où la réflexion sur la conscience/inconscience de ses actes de la parte du pervers. Elle sait donc ce que veut dire être une bonne mère si elle fait semblant de l’être !!!!!
Elles apparaissent faibles et autoritaires au même temps. Ayant des changement d’humeur (au point que beaucoup de gens parlent des pervers narcissiques comme de personnes "bipolaires"), peuvent donner à leur enfant et à tout l’entourage l’impression d’être faible voire malades. De la maladie en font une arme de pouvoir. Le message donné à l’enfant est : « soit tu t’occupe de moi et tu veilles à mes propres besoins, soit nous serons tous réduits à néant par mes dysfonctionnement ». Les enfants qui deviennent des pourvoyeurs de soins peuvent paraître calmes et mûrs, mais il sont en réalité impuissant et effrayés.
Une mère manipulatrice déguisée en « dépressive » est une mère très toxique parce qu’elle a le droit d’être désengagée et sans réaction.
L’enfant construit le fantasme qu’il devrait être en mesure de pouvoir donner le moral à sa mère. Que c'est une mission pour lui. Une arme puissante d’emprise psychologique.
Le message sous-entendu: « soit tu développes des stratégies pour me soigner, soit je disparais ».
L’enfant peut par conséquent ressentir la dépression de sa mère comme une mort émotionnelle qui se fige dans son système psychique.

Narcissisme: dans un environnement narcissique la mère impose à son enfant de devenir un miroir qui la flatte et la glorifie. L’enfant est apprécié par sa mère dans la mesure où il soutient l’amour-propre de sa mère. Le dilemme : « soit tu m’admires et tu confirmes tous mes fantasmes grandioses, soit je te considère comme un minable qui ne m’est d’aucune utilité ». L’enfant renonce à ses propres besoins et devient le faire-valoir de sa mère.
Ou bien il se voit confier la mission de satisfaire par procuration les besoins narcissiques de sa mère. Mais, comme ces besoins sont irréalistes et changeants, nulle réussite ne saurait la satisfaire. Dans ce rôle l’enfant se considérera sans doute comme un échec.

Envie : une des réactions maternelles les plus déconcertantes et les plus perturbantes pour l’enfant.
"Si je réussi, ma mère n'est pas heureuse". Quand l'enfant est confronté à ce dilemme, il pense que sa réussite personnelle menace la relation et génère une culpabilité permanente.
L’envie est une réaction étrange, souvent méconnue, qui naît du ressentiment face au bonheur ou à la réussite d’autrui.
La joie ou l’imagination de l’enfant peut susciter l’envie de sa mère autant que sa réussite.
Pensées non verbalisées de la mère :
«  Pourquoi devrait il être heureux alors que je ne le suis pas »
«  Pourquoi devrait-il avoir la chance d’être optimiste alors que je me sens si frustrée »
« Pourquoi devrait-il faire preuve d’imagination et de curiosité alors que ma vision est si limitée »
Comme l’envie est généralement dirigée vers une personne à qui l’on se compare, l’envie de la mère envers les filles peut prendre des proportions inimaginables.
« Elle n’a pas le droit d’être contente d’elle si je n’y prends aucun plaisir moi-même »
Quand l’enfant réalise que la mère ne se réjouit pas de ce qui lui réjouit lui, cela jette un froid sur tout plaisir et avec le temps ça se traduit par une difficulté majeure à profiter de toute forme de bonheur qui peut se présenter dans sa vie.
Le bonheur fait peur car il cache du malheur qui va tout gâcher. Il vaut mieux ne pas en profiter. Le bonheur devient une source de stress parfois profond.
Ce n’est que des années plus tard que la personne réalise son vécu et faire un travail sur soi afin de ne pas percevoir le bonheur et la réussite comme une menace.

Tous ces schéma restent bien évidemment cachés au sein de la relation mère-enfant.

Tout le monde n’est pas manipulateur, comme d’ailleurs aiment bien dire les manipulateurs eux mêmes ou ceux qui restent aveuglement sous leur emprise ou  ne peuvent pas percevoir le danger que cela représente.